LE JOURNAL : La protection de l’environnement a-t-elle un sens dans les villes ?
YVES RÉVILLON : Aujourd’hui, c’est dans les villes que se joue une grande partie de l’avenir de la planète et que doit s’opérer une prise de conscience sur le fait que nous avons tous une responsabilité d’ordre écologique. Il ne faut d’ailleurs pas oublier que, désormais, l’immense majorité de la population française et plus largement mondiale vit en milieu urbain. De plus, la dichotomie ville-campagne fait aussi moins sens que par le passé. La campagne s’est urbanisée – beaucoup trop, diront certains –, tandis que les villes sont devenues plus attentives à la valorisation de leurs espaces naturels et aux questions environnementales – ce qui, de l’avis général, est une très bonne chose.
JBC : Qu’est-il possible de faire à l’échelon local pour l’environnement ?
YR : Bien sûr, certaines décisions ne peuvent être efficaces qu’à l’échelon mondial, ne serait-ce que pour réduire de façon drastique les émissions de CO . Cela dit, dans ce domaine plus qu’un autre, il est nécessaire de «penser global» et d’«agir local». On ne peut plus s’en remettre à la politique des seuls États qui, en période de crise – et on peut le comprendre –, sont nombreux à pas vouloir alourdir les charges des particuliers et des entreprises par des taxes ou des obligations nouvelles. C’est d’ailleurs, à mon sens, rendre un mauvais service à la cause de l’environnement que de raisonner uniquement en termes de contraintes. On constate à l’échelon des villes, qu’une multiplicité d’initiatives reposant sur la bonne volonté et le bon sens de chacun, peuvent être tout aussi efficaces pour économiser l’énergie, limiter le gaspillage, réduire la pollution, trier les déchets…
JBC : Pourquoi accorde-t-on aujourd’hui autant d’importance à l’environnement ?
YR : D’abord pour des raisons de santé, c’est évident. Nous sommes tous beaucoup plus attentifs à la pollution et aux pesticides, et c’est heureux. Parce que nous avons aussi pris conscience de notre pouvoir sur les grands équilibres naturels. Le thème du réchauffement climatique, arrivé sur le devant de la scène il y a de cela maintenant plusieurs années, est devenu un vrai sujet d’inquiétude pour tout le monde. Pour des raisons d’économie aussi. Les crises pétrolières nous ont fait réaliser que les ressources naturelles n’étaient pas illimitées et qu’il était de notre devoir de les utiliser de façon raisonnée. A cela s’ajoute un besoin de plus en plus fort en ville de voir de la «verdure». Il n’est pas toujours facile de répondre à cette attente car le foncier devient, lui, de plus en plus rare et donc de plus en plus cher. Mais c’est à l’évidence dans les parcs et les squares que nous aimons nous retrouver et nous reposer. A fortiori si nous avons des enfants ou des petits-enfants !
Interview parue dans le journal de Bois-Colombes n°105