LE JOURNAL : Les élections municipales auront lieu les 15 et 22 mars prochain. A quelle période remonte l’organisation des premières élections ?
YVES RÉVILLON : Sans surprise, les premières élections sont apparues lors de la Révolution de 1789, le droit de vote étant l’une des premières conquêtes qui a donné naissance à la démocratie. A l’origine, le suffrage n’était pas universel mais indirect et censitaire. Seuls les hommes payant un impôt direct pouvaient voter pour des grands électeurs, souvent de riches propriétaires terriens, qui à leur tour élisaient des représentants. Au début de la Troisième République, les maires sont nommés par le président de la République. A partir de 1884, ils sont élus par le conseil municipal, ce qui constitue un réel progrès en matière d’autonomie locale.
JBC : Quand les communes commencent-elles à être autonomes?
YR : En 1831, les conseils municipaux sont dotés de la personnalité juridique. Mais ce n’est qu’en 1884 que les communes, à l’exception de Paris, reçoivent le même statut juridique. Dès lors, les membres du conseil municipal, les conseillers municipaux, sont élus au suffrage universel direct puis élisent à leur tour le maire. L’ensemble de ces réformes, qui se sont multipliées depuis 200 ans, ont donné la capacité aux citoyens de décider par eux-mêmes de leur destin au niveau local. Les nouvelles compétences et l’autonomie renforcée des communes en font de véritables laboratoires de la démocratie, au centre desquels on trouve la figure du maire, doté d’une légitimité grandie.
JBC : Les élections intéressent-elles ?
YR: La participation n’est pas la même pour toutes les élections. Avec les élections présidentielles, ce sont les municipales qui mobilisent le plus avec un taux de participation de 67% en moyenne lors des quatre derniers scrutins. Les élections régionales et départementales connaissent un succès moindre avec une participation avoisinant les 55% en moyenne lors des quatre dernières élections. Les législatives de 2017 recueillent un participation identique. Ce sont finalement les européennes qui connaissent le moins de succès, avec seulement 44% de votants en moyenne lors des quatre dernières élections.
JBC : Où en est la démocratie dans le monde ?
YR: Après la chute du mur de Berlin, une grande vague de démocratisation atteint les pays de l’ancien bloc soviétique, ainsi que des pays d’Amérique du Sud, d’Afrique et d’Asie et suscite d’énormes espoirs parmi les populations. Mais des États particulièrement autoritaires comme la Chine, la Corée du Nord, la Russie ou encore le Soudan montrent que la démocratisation du monde est loin d’être acquise pour de bon. Et pourtant. Aussi imparfaite soit-elle, elle reste toujours, et de loin, le meilleur des régimes. Nous devons continuer à la défendre et c’est pourquoi je réitère mon invitation aux BoisColombiens et Bois-Colombiennes à venir voter aux prochaines élections, les 15 et 22 mars prochains, quel que soit leur choix.
Interview parue dans le journal de Bois-Colombes n°135