Il était temps que le Président redécouvre les maires (JBC #130)


|


Il était temps que le Président redécouvre les maires (JBC #130)

LE JOURNAL : Que pensez-vous du grand débat national ?

YVES RÉVILLON : Selon moi, il n’est jamais bon de consulter et de prendre des décisions sous la pression. Cela conduit inévitablement à faire des erreurs. Et manifestement, depuis l’annonce précipitée de cette concertation d’ampleur nationale, l’exécutif semble improviser, ce qui génère des flottements et des incertitudes. Comme tous les Français, je me demande quels sont les objectifs de cette consultation. Je m’interroge également sur les méthodes d’exploitation des résultats et surtout sur les réponses apportées, une fois les doléances connues. Comment le gouvernement traitera-t-il l’ensemble des doléances qui remonteront ? La synthèse qui en sera faite ne risque-t-elle pas de constituer un nouvel enjeu de tension ? En tant que citoyen, et également en tant que maire, je souhaite évidemment que ce débat permette au pays de retrouver son optimisme et sa stabilité, qu’il puisse poser les bases de réformes qui sont bien sûr nécessaires et enfin, qu’il vienne apaiser la gronde des gilets jaunes. Un échec viendrait de façon certaine empirer une situation déjà tendue.

LE JOURNAL : Le Président souhaite associer les maires à cette grande consultation. Êtes-vous satisfait ?

YVES RÉVILLON : Depuis son élection, le Président n’a pas souhaité entamer le dialogue avec les élus locaux et particulièrement avec les maires. Alors qu’il avait vanté l’horizontalité durant sa campagne, on a découvert ces derniers mois un tout autre discours axé sur une forme d’autorité pour le moins inattendue. Il n’a cessé de nous ignorer comme tous les corps intermédiaires, d’ailleurs. Le Président supprime la taxe d’habitation et les contrats aidés sans consulter les élus locaux, ne daigne pas assister au dernier congrès des Maires de France. Il est vrai que tant que les choses vont bien, il est tentant de se dire que l’on peut gouverner seul. Mais l’expérience, l’histoire montrent que ces périodes de grâce n’ont qu’un temps. Aujourd’hui, embourbé dans une profonde crise sociale et politique, le Président ressent la nécessité d’associer les maires au débat national. Il ne pouvait en être autrement, organiser une telle consultation sans y associer les maires aurait encore été méprisant à l’égard de notre mandat local mais surtout catastrophique pour l’issue du débat. Dans nos communes, le dialogue, le lien avec les habitants sont quotidiens. Nous sommes, comme Emmanuel Macron l’a si bien dit « les interlocuteurs naturels qui portent la République sur le terrain ». Il était temps que le Président s’en souvienne.

LE JOURNAL : Que comptez-vous faire à Bois-Colombes ?

YVES RÉVILLON : Un cahier de doléances est mis à disposition à l’accueil de l’Hôtel de ville et un «Grand Débat» sera organisé le 20 février prochain au Centre Charlemagne. Je souhaite que les Bois-Colombiens puissent s’exprimer, faire part de leurs revendications et propositions à Bois-Colombes comme ailleurs. L’État veut un débat. Pourquoi pas ? Mais cela doit se faire sous certaines conditions. La première c’est que l’objectivité du débat soit assurée et que l’on ne perde pas de vue son objectif : ce qui est remis en cause aujourd’hui c’est le fonctionnement de l’État et c’est avant tout ce qu’il faut changer. La deuxième condition, c’est que l’État à l’initiative de ce grand débat, devrait en assumer l’organisation. Or, ce sont les villes qui vont être en première ligne et prendre en charge toute la logistique. Une fois de plus, l’État décide et les collectivités mettent en œuvre et financent ! Est-ce normal ? Je ne le pense pas. Et si je n’avais qu’une doléance à exprimer, ce serait que l’État cesse de se décharger de ses missions sur les collectivités.

Interview parue dans le journal de Bois-Colombes n°130


Conseil municipal de Bois-Colombes Conseil municipal de Bois-Colombes